Le domaine du Château de la Bûcherie

L’emprise du Parc

L’emprise du parc de occupe la plus grande partie du vallon de Saint-Cyr-en-Arthies. Elle s’étend sur 76 hectares occupés par :

  • les bois de chaque coté du vallon sur 51 hectares environ,
  • les prairies et les pièces d’eau dans le fond de vallon sur à peu près 25 hectares.

Le vallon est très encaissé. En effet, de part et d’autre du fond de vallon le dénivelé jusqu’au plateau est de 50 mètres sur une longueur de 400 mètres.

L’emprise du parc constitue une entité paysagère dont la qualité première tient à son intimité. Elle résulte de l’écrin formé par les bois du parc, et de l’allée d’entrée qui éloigne le domaine du bourg. Les deux coteaux du domaine se prolongent par deux plateaux cultivés. Ainsi, l’écrin boisé du parc lui appartient-il entièrement et son caractère protégé ne dépend que de ses boisements. Il possède donc tous les éléments nécessaires à son intimité, à son architecture, et à sa composition ; ce qui représente une grande qualité.

Le parc de Saint-Cyr-en-Arthies et son histoire

Les premières traces du village de Saint-Cyr-en-Arthies remontent à l’époque préhistorique. Des haches en silex ont été trouvées dans certains champs. Des pièces romaines, des sépultures gallo-romaines contenant des ossements et des urnes en argile renfermant des cendres, ainsi qu’une voie romaine dans la rue du parc témoignent de l’ancienneté de l’habitat.

L’origine du château de Saint-Cyr remonte à une époque éloignée que nous ne pouvons dater avec précision.

  • En 1091, Raoul de Saint Cyr possède le manoir et une grande partie des terres.
  • Au XIVe siècle, un château est édifié en face du château actuel.
  • A partir de 1490, la famille de Dampont occupe le domaine. Ainsi, se succèdent :
    • Claude de Dampont, seigneur de Saint Cyr et d’Arthies (marié à Catherine de Théméricourt), en 1490.
    • Philippe de Dampont, seigneur de Saint Cyr et de Briançon, en 1544.
    • André de Dampont, seigneur de Saint Cyr et de Cormeille, en 1552.

C’est au XVIIIe siècle, qu’un château est construit à l’emplacement du château actuel par la famille de Sailly.

(Le 13 octobre 1764, suite à un gros orage les murs du parc tombent et de la boue s’infiltrant dans le château abîme le mobilier.)

  • En 1771, Monsieur de Gogué de Moussonvillers s’installe au domaine.

Nous trouvons des citations écrites par Monsieur de Vigée datant de cette époque.

Ainsi, il compare le château de Saint Cyr à celui de Villers dans l’almanach des muses, en 1810.

Saint Cyr moins orgueilleux, se dérobe à la vue son parc, ses belles eaux et sa noble avenue.”

A cette époque, le parc est déjà à l’écart, protégé de l’extérieur. L’allée d’entrée était alors plantée de deux alignements d’ormes bicentenaires.

Il cite également le parc dans son épître à Ducis :

Saint Cyr moins orgueilleux qui se cache, et peut être gémit secrètement d’avoir changé de maître.

  • En effet, en 1808, Monsieur de Gogué, regretté de tous les habitants, vend le parc au comte de Slade.
  • En 1850, monsieur Firmin-Didot achète la propriété.
  • A partir de 1850 : le parc de Saint-Cyr-en-Arthies et les Firmin-Didot

En 1850, Monsieur Firmin-Didot achète le domaine. Ce personnage, premier ouvrier de France, appartient à une vieille famille d’imprimeurs riches en inventions typographiques, éditeurs à l’origine du fameux annuaire commercial Didot-Bottin.

A cette époque, la famille Firmin-Didot entreprend toute une série de transformations dans le domaine.

Ainsi, ils reconstruisent le château, dont une aile est ajoutée en 1866. Ils créent également la bibliothèque, les écuries décorées de pavés et de faïence situées derrière le château ; ainsi que la ferme qui alimente le domaine. Elle deviendra indépendante en 1943.

Ils font appel au célèbre paysagiste Barillet-Deschamps, qui remodèle le parc en 1864, en parc paysager.
Barillet-Deschamps est le créateur de la plupart des jardins du Second Empire à Paris. Il est à l’origine du Bois de Boulogne, des Buttes Chaumont et du Parc Montsouris. Il était au service de la ville de Paris de 1855 à 1869, et mourut en 1873, alors qu’il travaillait pour le vice roi d’Égypte, Asmaïl Pacha.

La vie de Saint-Cyr en Arthies est organisée autour du domaine.

En effet, les trois-quarts des villageois travaillent au château. Le personnel ne manque pas et le parc est bien entretenu. Une équipe de 4 ou 5 personnes s’occupe du bois, et une de 5 ou 6 personnes entretient le jardin. Les plantes fleurissant le parc sont produites au château dans la grande serre et sous les chassis, à gauche de l’entrée.

Par ailleurs, les saint-cyriens viennent ramasser le bois mort dans la forêt, participant ainsi à sa gestion.

Les pièces d’eau sont curées en 1923. Le bassin dans le fond du domaine est recouvert de faïence bleue. La grotte de la cascade est décorée de coquillages.

Plusieurs anecdotes témoignent de la relation étroite entre le village et les Firmin-Didot. Madame “Quatre sous“, la factrice, traverse le parc pour relier Vienne et Saint-Cyr, de même que les enfants pour aller à l’école.

En 1875, les Firmin-Didot créent une école de filles, libre et gratuite, dont la direction est assurée par les soeurs de la Providence d’Evreux. De plus, ils rénovent l’église.

Les animations ne manquent pas. Au début du siècle Georges Firmin-Didot organise des fêtes avec les villageois dans les champs au dessus du village.

Par ailleurs, le parc lui-même est très animé. Certains jouent au tennis dans le bois à l’Est du château, d’autres pêchent dans les étangs.

Vers 1935 les Firmin-Didot organisent 3 ou 4 fois par an une chasse à courre. Ils partent du parc pour rejoindre les bois des alentours.

Le garde-chasse occupe l’ancien moulin.

Jean Firmin-Didot, fils unique de Georges Firmin-Didot, succède à son père, mort dans un accident. Il ne cesse d’organiser lui aussi des réceptions dans le domaine, et des fêtes nocturnes dans le parc. Cependant après sa mort survenue le 30 septembre 1952, madame Firmin-Didot dès 1953 met en vente les meubles, et la bibliothèque. Le château se vide, et une seule personne, Madame Victoria, garde le domaine.

Celui-ci subit alors des pillages fréquents et la fortune est disséminée. Ainsi, dans le parc, des statues, la faïence qui décore le bassin du jet d’eau, et les coquillages sur le plafond de la grotte de la cascade disparaissent.

Le jardin est abandonné pendant plusieurs années, et perd entièrement son tracé.

  • En 1952 : le parc de Saint-Cyr-en-Arthies devient le parc de la Bûcherie
  • En 1952, Madame Élisabeth Maupoil achète le parc de Saint-Cyr-en-Arthies, et le baptise “la Bûcherie”.

Frappée par l’état d’abandon dans lequel se trouve ce parc, elle était consciente des richesses passées qu’il pouvait contenir, et des possibilités de le réaménager. Apprenant, par ailleurs, que la Caisse d’Allocation Familiale avait l’intention de l’acheter pour construire, elle décide de l’acquérir pour lui redonner son cachet.

Nous allons la reconstituer à partir de trois plans.

  • La plan de la seigneurie de Gogué, 1776.
  • Le plan cadastral, 1819.
  • Le plan du projet de Barillet-Deschamps, 1864.

Le motif de la digue et de la première pièce d’eau est très ancien :

La présence de l’eau dans le fond du vallon est un des caractères du domaine. En effet, une source naît à l’entrée du site, et s’écoule en un ruisseau et en pièces d’eau jusqu’à la limite du parc. Ce lieu a toujours été très humide, ce qui nous laisse penser que la digue présente au milieu du parc est ancienne. Elle est dessinée sur le plan de 1776, mais doit remonter à une époque antérieure. Toutes les eaux de ruissellement de Saint-Cyr-en-Arthies convergent vers la première pièce d’eau pour se diriger ensuite vers la fin du domaine. Il est fort possible que cette première pièce d’eau ait été construite en même temps que la digue.

Le chemin courbe venant du bois et se dirigeant vers la digue était à priori un ancien chemin d’accès. Il expliquerait également l’existence de cette digue.

C’est une vente aux enchères qui se déroule jusqu’à ce que la bougie s’éteigne ; à ce moment, le plus offrant prend alors possession du lot.

Le domaine est à cette époque une “jungle”, et le dessin du parc ne se voit plus. Depuis le grenier du château, sans toit, et envahi de sureau, elle essaie de l’apercevoir ; en vain !

Mais elle trouve le plan aux archives de Versailles, et commence alors à réaménager le domaine. Elle entreprendra ces travaux et habitera dans le domaine dès 1967.

Elle st aidée par 2 ou 3 ouvriers, mais surtout par le garde-chasse qui habitait dans le moulin à l’époque des Firmin-Didot. Celui-ci lui explique alors le dessin du projet de Barillet-Deschamps. Elle fera appel à une entreprise pour les travaux de maçonnerie dans le château. Mais elle s’occupera toute seule de la recréation du parc.

Elle commence dans un premier temps par recréer le grand lac qui n’est plus qu’un ruisseau.

Puis tout au long de ces travaux, c’est une suite de surprises qui l’attend. Les végétaux ont envahi le parc, et elle ne localise pas les enrochements qu’elle découvrira petit à petit.

Elle refait les deux percées complètement bouchées. Par faute de temps, l’ouverture de la troisième percée n’a pas été encore réalisée.

Grâce à tous ces travaux le parc revit.

Emplacement de l’habitation

L’évolution des habitations montre qu’une première série de bâtiments formant une cour carré (plan 1776) a été construite au centre du parc, pour être ensuite déplacée (plan 1819, 1864 et 1993) plus en hauteur vers le Nord du domaine.

Au moyen-âge, les manoirs étaient parfois construits dans les zones marécageuses dans le but de les défendre.

Ainsi, il est possible que la première série de bâtiments fût l’emplacement d’un ancien château. La partie habitée du château était située face au vallon.

Nous savons qu’au XIVe siècle, un château a été édifié à cet emplacement, c’est-à-dire en face du château actuel. Aussi, la première série de bâtiments formant une cour carrée datent sûrement de cette époque.

Une extrémité de la première pièce d’eau pointe dans la cour carré modifiée. Elle devait servir de point d’eau.

La construction de ces premiers bâtiments s’est effectuée sur un terrain en pente. Ils délimitent une cour carré qui pour être fonctionnelle doit être plane. Ainsi, les bâtiments du côté Nord de cette cour était enterrés contrairement au bâtiment côté Sud.

Une allée plantée se dirige depuis la cour dans le bois. Le mur de la terrasse faisant actuellement face au vallon correspond vraisemblablement à un côté de l’ouverture donnant sur le bois. L’allée se dirige vers une vieille arche en pierre qui n’est cependant pas dans le même axe que le chemin. En effet, ce dernier est orienté Nord-ouest, tandis que l’arche est orientée Nord-est.

Ainsi, il manque des plans antérieurs pour expliquer l’origine et la raison de cette arche dans le bois.

Au XVIIIe siècle, un château est construit à l’emplacement du château actuel par la famille de Sailly. Les premiers bâtiments formant une cour carrée ne permettent pas d’avoir de point de vue sur le vallon. Ils devaient correspondre à la ferme du domaine.

Le mur permettant une promenade en terrasse dans le fond du domaine existait en 1776. Il doit être antérieur à cette époque. Cette promenade était plantée d’un alignement de platanes. Situé à l’extrémité de cette allée le Platane d’Orient appartenait-il à cet alignement ?

Un bassin rond s’aligne sur l’arche. Son origine est une énigme !

Dans le bois à l’Ouest du château se trouve une série de chemins en étoile qui sont sûrement antérieurs à ce plan.

Le château a été remanié. Une série de bâtiments, construite autour de celui-ci, est reliée par des murs et forme une cour de disposition anarchique.

L’architecture de la ferme située en contre-bas est modifiée. Les angles entre les bâtiments ne sont plus les mêmes. La suppression du bâtiment côté Sud offre une disposition en terrasse sur le vallon.

Le long de la digue un moulin est construit.

Les Firmin-Didot achètent le domaine. Ils entreprennent une série de transformations :

  • Ils détruisent : la première série de bâtiment antérieur à 1776 formant une cour carré ; les constructions reliées par un mur au château, mise à part peut-être les écuries qui seront remaniés.
  • Ils construisent : la bibliothèque au Nord du château, le pavillon à droite de l’entrée, une grande ferme à gauche de l’entrée, une laiterie, le château entièrement remodelé.

Ces nouveaux bâtiments sont du style de l’époque, et témoignent de la fortune des propriétaires. Par exemple les écuries, la laiterie et le bassin rond sont décorés de faïence.

Le parc est entièrement remodelé par le paysagiste Barillet-Deschamps.

Le domaine de Saint-Cyr-en-Arthies prend un nouveau visage avec les Firmin-Didot ; il est ainsi un grand témoignage des parcs de l’époque du XIXe siècle.

Une allée rectiligne plantée de deux alignements d’arbres se dirige vers l’esplanade gravillonnée du château.

On découvre alors une immense prairie se prolongeant par trois grandes percées dans le bois. Elles constituent chacune un axe séparé par un bosquet d’arbres.

Le premier axe coupe la plus grande pièce d’eau, le second passe par la cascade et le troisième se situe au niveau du fond de vallon.

Des chemins courbes, typiques de cette époque, desservent la partie centrale du parc.

Une allée, plantée de deux alignements, longe la première pièce d’eau. Un chemin permet de la traverser en utilisant deux ponts et traversant une île. C’est une partie aujourd’hui mise à l’écart. Par ailleurs, l’absence de certains éléments ou une mauvaise coïncidence entre les deux plans (1864 et 1993) laisse supposer que le plan de Barillet-Deschamps n’a pas été réalisé dans son intégralité. De plus le domaine abandonné pendant près de 15 ans a perdu ses tracés paysagers, et la réhabilitation n’a pu être fidèle.

L’ouverture vers le fond de vallon était large.

Aujourd’hui, les prairies sont plus étroites. Les chemins courbes ont disparu ce qui permet la continuité de la prairie sur l’ensemble du fond de vallon.

Les percées sont moins dégagées et moins théâtrales. La prairie du fond de vallon est plus refermée. L’esplanade gravillonnée du château a été remplacée par du gazon.

Tout ceci contribue à donner au domaine un caractère beaucoup plus champêtre, très lié au paysage naturel.

En effet, sur le plan de 1864 ne figurent pas le platane, ni l’allée de tilleul qui longe le fil d’eau, ni l’allée de platanes qui suit la digue.

Par ailleurs, les percées du projet de Barillet-Deschamps et celles existant aujourd’hui ne se superposent pas. La cascade n’est plus dans l’axe de la percée centrale. La forme des pièces d’eau est également différente.

L’actuel parc de la Bûcherie résulte du projet de Barillet-Deschamps, mais aussi des aménagements antérieurs.

Ainsi existant encore des éléments présents sur le plan de 1776, mais n’apparaissant pas sur celui de Barillet-Deschamps.

Ce sont entre autres, la promenade en terrasse le long du filet d’eau, le platane, la terrasse, et l’arche.

De ce fait, lors des aménagements futurs, il ne faudra pas se baser uniquement sur le plan de 1864. En effet, Barillet-Deschamps a redessiné le parc selon les grands principes des parcs paysagers de son époque. S’apercevant que des éléments existaient déjà dans le parc, il a modifié son projet.

Par son intervention il a étendu les éléments-jardins à l’ensemble du vallon composant ceux-ci sur les traces existantes. Ainsi, le parc est un endroit très typé des jardins du XIXe, dans un site contenant les traces du temps.

L’emprise du parc n’a pas été modifiée au cours des siècles. Du premier plan dont nous disposons, il reste la première pièce d’eau et la digue, la terrasse soutenant le filet d’eau, les allées dans le bois près du château, et l’organisation de l’entrée par rapport au village.

Aujourd’hui, le parc est naturel, et agréablement lié au paysage champêtre. L’accord du parc avec le site dégage une grande pureté. Mais, la première impression d’homogénéité est modulée par l’analyse qui révèle un ensemble composite. En effet, l’évolution de ce domaine a été marquée par plusieurs époques qui paraissent au travers de différents éléments

Analyse paysagère

Les entités paysagères révélées au cours d’une visite

Le parc de la Bûcherie offre différentes promenades. A l’occasion d’un parcours, le promeneur découvre les entités paysagères  qui font la richesse de ce parc.

L”album photo” qui suit est un exemple de parcours qui nous permet de découvrir le domaine.

Ainsi, passé l’allée  d’entrée longue et sombre, le promeneur emprunte le chemin qui se dirige vers le jardin. Celui-ci longe la première pièce d’eau en passant sur la digue bordée par un alignement de platanes. Depuis cet endroit, la perception du vallon dans le sens longitudinal est plus naturelle. Cette vue détachée du château donne une force supplémentaire au site. Se retournant, il découvre de plus près la grande pièce d’eau dit “le lac” qui est assombri par les arbres.

La promenade longe ensuite la circulation d’eau agréablement travaillée en pièces d’eau et cascades. Nous découvrons alors des tableaux charmants qui créent une ambiance spécifique de bord d’eau. Le vallon est ainsi enrichi par le côte précieux de ces ornements. La principale cascade constitue le pôle de la composition. Elle propose une scène théâtrale depuis la terrasse. Les végétaux autour de l’eau sont d’une taille plus petite que les masses boisées. En formant un premier plan, ils donnent de la profondeur à l’ensemble de cette vue. De plus, l’aménagement accompagnant la circulation d’eau est un élément essentiel transposant le vallon en jardin.

Certains éléments, qui organisent la promenade, nous transportent dans l’histoire. Ainsi l’âge présumé du platane, nous laisse penser qu’il est un témoin d’un ancien parc. La vieille arche et la glacière confirment l’ancienneté du domaine. La terrasse est le signe d’un ancien château. Tout ces éléments contribuent à renforcer l’authenticité du parc.

Texte extrait de la thèse de Heidi Terrier 1993

École Nationale Supérieure d’Horticulture de Versailles

Faisons connaissance avec le domaine de la Bûcherie…

En se fondant sur la tradition orale, sur les rares documents disponibles et sur les trouvailles faites à l’occasion des hasards de la vie quotidienne et des travaux, la présente étude a pour premier objet d’analyser les structures du domaine et de définir, à partir de cette analyse, les orientations à privilégier pour sa restauration.

A ce stade, nous disposons essentiellement comme outils d’analyse:

  • des fragments historiques et des plaques tombales au cimetière de Saint-Cyr en Arthies sur les familles ayant détenu le domaine,
  • de deux perspectives cavalières extraites de cartes du duché de la Rocheguyon et de la baronnie d’Arthies des années 1735- 1737-1745
  • d’une diapositive médiocre d’un plan présumé de 1776, peint sur toile, et brûlé dans l’incendie d’avril 1994, perte gravissime et sans doute irrémédiable.
  • d’une copie d’un plan cadastral de 1819 représentant la commune et provenant des archives du Val d’Oise
  • du plan de Barrillet-Deschamps de 1864 dont le domaine possède l’original,
  • d’une photo aérienne du domaine datant de 1954, soit trois ans avant le rachat par Mme Maupoil, mais déjà postérieure à la mort de l’héritier Firmin-Didot décédé en octobre 1952,
  • d’une photographie aérienne de 1996
  • d’un enregistrement oral sur l’histoire du domaine, récit de Mme Maupoil.
  • de quelques cartes postales du début du siècle.

Si le nom actuel du domaine lui a été donné par Mme Maupoil qui avait créé et possédé le restaurant de la Bûcherie avant d’acquérir le château de Saint-Cyr, c’est sous cette appellation qu’est connu le domaine dans les documents où il est mentionné.

A ce jour nous avons connaissance de cinq familles ayant possédé Saint-Cyr :

Les de Sailly dont l’antériorité n’est pas connue qui possèdent le domaine vers 1737. Un Gédéon de Sailly reconstruit l’église paroissiale en 1747.

Les Goguë de Moussainvilliers semblent posséder le château en 1776.

En 1808, le domaine tombe entre les mains de la famille Hay de Slade, originaire de Rouen. Les 3 propriétaires successifs sont enterrés (oncles et neveu) dans une partie détachée du cimetière).

A la mort du dernier représentant de cette famille, le domaine est racheté par M. Georges Firmin-Didot. Cette famille restera propriétaire jusqu’en 1957, c’est-à-dire plus d’un siècle.

Mme Maupoil, acquiert le domaine en 1957 et, après 17 années de guerre puis d’abandon, entreprend de le sauver mais aussi d’en faire un espace de nature sauvage peuplé de chevaux laissés en liberté. Elle meurt le 8 aout 1994 et laisse un testament de 1987 qui lègue le domaine au Conseil international de la langue française, association internationale privée, reconnue d’utilité publique par décret du 20 décembre 1972

Les plans et photographies font apparaitre que le périmètre clos de murs du domaine n’a pas été modifié depuis 1737. A l’exception d’une parcelle à l’est, au niveau du talweg, que la municipalité de Saint-Cyr veut exproprier et d’une zone de six ha que Mme Maupoil envisageait de vendre pour un lotissement au nord du parc sur le plateau et que nous avons l’intention de conserver, il apparait qu’il est hautement souhaitable de maintenir l’intégrité du domaine.

Les plans font apparaitre un certain nombre de bâtiments dont les structures ont fortement évolué, notamment à partir de 1850 mais déjà à partir de 1819. En 1737, le château est figuré à l’emplacement où il est déjà mais avec une aile en retour vers le nord, et la ferme est représentée au sud en L. De même, des murs de soutènement et des canaux figurent sur ces plans dès 1776. En revanche, la glacière, la cave contigüe, n’apparaissent que sur le plan de 1864 (la cave d’ailleurs uniquement par ses cheminements d’accès), alors qu’elles sont sans doutes bien antérieures, l’abri-sous-roche et la salle de verdure ovale à l’extrême ouest du parc, sans doute également antérieurs à 1864, n’apparaissent sur aucun document, pas plus que le grand platane orientalis qui devait déjà être imposant en 1864.

Bien entendu le plan de 1864 ne comporte pas tous les éléments existants aujourd’hui, notamment le kiosque du début du siècle, le club hippique, ainsi que le bâtiment agricole près de la percée est, qui sont postérieurs à 1957.

L’observation des documents de 1776 et de 1819 montre que la fonction de parc de plaisance est tardive: en 1776, le parc est avant tout forestier, avec des clairières qui semblent être des clairières de chasse (réalisées ou non), et la ferme en L sur le plan de 1737, en quadrilatère supposé sur le plan de 1776, commande des terres agricoles non définies en 1776 mais structurées d’après les indications de 1819 en jardin au sud de la ferme et en terres de culture dans la majeure partie des prairies actuelles.

Ce n’est que sur le plan de 1864, à l’occasion du remaniement du château, de la cour d’honneur et de la destruction de l’ancienne ferme pour la remplacer par une construction à l’est du domaine que le parc prend un caractère vraiment paysagé dans un style à l’anglaise, laissant par ailleurs subsister pratiquement sans changement l’ancien jardin à la française de 1737, 1776 et 1819, mais qui avait totalement disparu en 1953 à l’exception de l’esplanade carrée et qui a été réouvert en 1996. Il faut noter que le statut réel de ce jardin de 1776 à 1996 reste incertain car si l’on voit sur l’esplanade des tracés de chemins présumés en 1819, lorsque nous avons repris le domaine en 1994, l’emplacement du jardin français était non seulement couvert d’arbres plus que centenaires vraisemblablement et, surtout il n’était pas horizontal, la portion comprise entre l’allée centrale et l’allée en creux située longitudinalement au nord comportait un amas informe de terre de plus de 80 cm de haut. Il n’y avait apparemment jamais eu de nivellement ni au nord de l’allée ni au sud ou la pente naturelle du terrain était laissée à elle-même alors que l’allée dessinée longitudinalement au sud ou bien avait disparu, ou bien n’avait jamais existé. On note en outre que le pont n’occupe pas sur les plans la position qu’il occupe réellement sur le terrain et que l’allée la plus au sud tracée dans le bois ne peut passer là où elle est dessinée car elle tomberait dans la tranchée…il y a donc sur tous les plans depuis 1737 et 1776 des invraisemblances qui inclineraient à penser que le jardin français que nous croyions disparu n’aurait jamais été mené à son terme (il est figuré en pelouse en 1737 et en bois en 1776)…mais que ses allées principales remontent  à la moitié du XVIIIe siècle. En revanche le jardin français est figuré dans l’axe de l’allée de tilleuls ce qui est impossible compte tenu de la configuration pentue du terrain là où le jardin est représenté en 1737.

Il est à noter que les trois percées prévues sur le plan de 1864 n’ont apparemment jamais été réalisées car elles sont totalement invisibles sur la photo aérienne de 1953. Nous ne comprenions pas lorsque nous avons repris le domaine pourquoi il y avait des souches en plein milieu de la percée nord-sud et attribuions cela à un changement d’angle opéré par Mme Maupoil lorsqu’elle avait reconstitué la percée, mais là où Barillet-Deschamps avait dessiné sa percée centrale, soit quelques degrés plus à l’est, il y a encore de gros hêtres âgés de 100 à 130 ans ou même plus et dont on ne comprenait pas pourquoi ils étaient là. La photo aérienne de 1954 montrant un parc destructuré sans percée visible a permis de résoudre l’énigme.

Elle montre clairement qu’avant le rachat du domaine en 1957 par Mme Maupoil les percées n’ont reçu aucun commencement d’exécution et que c’est donc Mme Maupoil qui, d’une part les a tracées et d’autre part a laissé se constituer les masses végétales au sein desquelles elles apparaissent aujourd’hui, seule celle qui va du perron du château au mur sud ayant du reste été poussée jusqu’au bout. En revanche, le plan de 1737 fait apparaître une grande allée ou une percée joignant le château au portail sud du parc : cette dernière existe bien au sud sur le plateau mais elle ne peut avoir le tracé qui est marqué sur le plan de 1737 car la rupture de pente l’interdit : elle ne peut donc avoir au mieux qu’une fonction visuelle et j’envisage de la réouvrir ou de l’ouvrir pour qu’on puisse voir le portail.

Le plan de Barillet-Deschamps bien qu’il ait marqué l’évolution du domaine de son empreinte plus que ses prédécesseurs n’a donc pas été entièrement et fidèlement réalisé. Le tracé des pièces d’eau n’est pas identique et les cheminements, notamment les passerelles franchissant la pièce d’eau supérieure, n’ont été réalisés que pour partie.

Ceci constaté, après trois ans de découverte et de fréquentation du parc, il apparaît que les structures de 1776 et de 1819 ne justifient pas un retour à l’état historique original et que le parti adopté par Mme Maupoil depuis près de 50 ans, de s’inspirer du plan de Barillet-Deschamps était très largement justifié, même si dans le détail des améliorations sensibles peuvent être apportées à ce document qui a fait un plus grand usage du compas à vol d’oiseau que…des pieds et des yeux d’un promeneur situé en un certain nombre de points-clés du paysage. De même, c’est le XIXe siècle qui a le plus marqué de son emprise le bâti: le château remanié et coiffé de toits néo-Louis XIII avec une charpente en sapin entée sur une charpente plus ancienne et de plus faible inclinaison en chêne ( entre 1737 et 1776?), les écuries, les grottes (bien que ne figurant sur aucun document), Ali Baba justifiant cependant le bâtiment de 1819 qui en commande l’entrée, la bibliothèque, le pavillon d’entrée, l’atelier, le pigeonnier, le bâtiment ajouté à la tour du moulin, l’ancienne ferme détruite dont il ne reste que la terrasse, tout cela a été profondément modifié aux environs de 1864. Les structures plus anciennes telles la glacière et sa cave, l’allée creuse et le pont de pierre, les allées du jardin français, la tour carrée du moulin, la partie allongée de la pièce d’eau supérieure, le rond d’eau en aval du jardin français, le mur de soutènement au nord du grand platane, le grand mur de soutènement portant la terrasse du ruisseau à l’ouest du rond d’eau, l’abri sous roche peut-être, à moins qu’il ne date de 1864, la salle de verdure ovale à l’extrême ouest du parc, le petit canal drainant le flanc sud, le kiosque, la terrasse sud envahie par les bouleaux, l’ancienne allée de noyers ayant rejeté en cépée, tout cela est moins marquant que les structures du second empire. Ajoutons encore que la reconstruction de la ferme à l’est du domaine a complètement changé le caractère de l’allée noble de tilleuls en la bordant de bâtiments qui au nord lui sont parallèles et au sud lui sont perpendiculaires.

La seconde guerre mondiale avec l’occupation du château par les allemands (quartier général de Speidel?) a endommagé gravement les toitures des bâtiments du domaine (pourrissement des poutres et des planchers du château et de la bibliothèque, un obus avait percé le mur ouest du château au niveau de l’actuelle fenêtre de la salle de bains de la chambre nord-ouest au premier étage). En 1945, le domaine est ouvert à tous les vents et pillé (témoignage d’Emmanuel Beauviez qui, âgé de 10 ans, a visité le domaine en compagnie de sa mère). Il est racheté au bord de la ruine en 1957 par E. Maupoil qui y fait des travaux de réhabilitation variés et cherche successivement plusieurs types de solutions, élevage, club hippique puis, à partir de 1971, accueil de séminaires résidentiels mais sans réussir à trouver les moyens financiers pour réhabiliter l’ensemble du domaine. Les planchers crevés sont réparés dans le château et la bibliothèque, les trous des toits sont bouchés, un club hippique et deux bâtiments agricoles destinés aux chevaux construits. Quelques travaux de modification des ouvertures des bâtiments de la bibliothèque et du moulin sont commencés mais non achevés. Un incendie ravage l’aile est du château au mois d’avril 1994. Une interdiction de fonctionner prononcée par la Mairie aggrave encore la situation financière du domaine.

Admettons tout d’abord qu’un paysage est l’ensemble de ce que l’on voit à partir d’un point déterminé. En ce sens, il y a à la Bûcherie autant de paysages que de points de vue. Un paysage peut être ouvert ou fermé. Il est ouvert si la vue atteint l’horizon, en l’occurrence au moins les limites du parc, fermé s’il bute sur un obstacle visuel en deçà des limites du parc.

A la Bûcherie, il y a des points de vue majeurs et des points de vue mineurs, qui déterminent des macropaysages ou des micropaysages. Les points de vue majeurs sont ceux du château et les points de vue mineurs ceux des différents bâtiments du domaine ou des accidents et points remarquables du domaine.

Un point de vue majeur est celui constitué par le perron du château. C’est en fonction de lui qu’a été conçue la vue sur le parc. Toutefois, d’après les documents en notre possession, ce parti est relativement récent dan la vie du domaine. Jusqu’en 1850, la vue vers le sud était bouchée par les bâtiments agricoles (en carré ?) de la ferme qui fut plus tard détruite et reconstruite à l’est du château. Ce n’est donc qu’à partir du plan de Barrillet-Deschamps que le véritable concept de paysage prend forme à la Bûcherie : le plan cadastral de 1819 ne montrait qu’une exploitation agricole avec  «une prairie d’agrément » et un  «jardin français » dont nous savons que les terrassements n’ont jamais été achevés.

L’organisation du parc avec deux masses de bois orientées est-ouest sur les plateaux et pentes nord et sud et un vallon portant prairies, terres cultivées et ruisseau, constituait un paysage fermé et longitudinal jusqu’en 1864. Ce ne sont que les travaux faits par Mme Maupoil après 1957 qui, interprétant le projet de Barillet-Deschamps, donneront un début d’exécution à une nouvelle conception, ouverte, et nord-sud, du paysage depuis le perron du château. Autrement dit, on passe d’un paysage à l’anglaise non concerté à un paysage à la française

Tous les autres points de vue du domaine sont largement subordonnés au point de vue majeur. Ce point de vue majeur s’étend au reste, avec de légères variantes, à toutes les ouvertures sud du château. Au nord, la vue reste limitée sur la cour d’honneur bien que l’abattage des végétations parasites ait permis à l’automne 1994 de dégager des bâtiments qu’on voyait à peine tant les ifs, le sureaux et les buis cachaient l’écurie : le château demeure prisonnier de son écrin nord de grands arbres et la perspective axiale nord-sud du perron ne se prolonge pas au nord de la bibliothèque.

D’autres points de vue, moins forts existent toutefois dans le parc :

  • l’extrémité de la terrasse s’avançant en promontoire dans le parc,
  • le moulin d’où l’on a des vues, à l’est, sur la pièce d’eau principale, à l’ouest, vers le bas du vallon et les collines de Vienne,
  • le centre de la digue au-dessus de l’ancien exutoire,
  • le sommet de la cascade vers le nord,
  • le haut et le replat de la percée nord-sud vers le nord et le château,
  • le pied de la vasque des Trois Grâces vers l’est,
  • le pied de la vasque des Trois Grâces ver le grand platane,
  • l’axe du jardin français vers l’ouest,
  • le pont entre la quatrième et la cinquième pièce d’eau,
  • le haut de la percée de l’est vers le château,
  • le point de convergence de l’allée creuse et de l’allée nord-sud, au-dessus de la cave.

On pourrait en trouver d’autres mais ce seront des micropaysages qui, peut-être, ne méritent plus le nom de paysage, lequel suppose une certaine étendue et un certain angle d’ouverture.

Une autre percée commencée vers la pointe sud-est du parc s’arrête actuellement à la rupture de pente. Elle ne coïncide pas avec celle prévue par Barillet-Deschamps dont la logique n’apparaît d’ailleurs pas. Quant à la percée ouest de 1864, elle n’a jamais reçu le plus petit début d’exécution.

Dans l’état actuel des choses, la beauté du paysage est constituée par les pièces d’eau et par les bouquets d’arbres colorés au sud du château. A l’est, on aperçoit le cyprès chauve de Louisiane à la pointe de l’île, de l’autre côté de la pièce d’eau, au sud-est, un bouquet composé d’un peuplier d’Italie, un épicéa, un saule pleureur à abattre, trois noyers sur fond de marronniers, frênes, et un grand hêtre puis un hêtre pourpre sur fond des tilleuls de l’allée montant vers le portail sud et qui est à abattre pour dégager la grande prairie comme le conçoit du reste le plan de Barillet-Deschamps, puis un plus au sud un hêtre et un chêne et, en bordure de la pièce d’eau un rejet de séquoia, un séquoia longiligne, un if, un petit érable et une viorne. Puis l’alignement des platanes et celui de quelques tilleuls. Puis le bosquet de la cascade : ce dernier à restructurer car  il perdu une grande partie de sa masse avec la chute en 94 d’un très beau robinier poussant à 45 degrés, l’abattage de 5 gros frênes malades et de deux très gros hêtres attaqués par les champignons; aujourd’hui, il comporte de la gauche vers la droite un noyer moyen, un érable double, un petit frêne, un petit liquidambar, un marronnier rose souffreteux, un thuya en contrebas, un hêtre pourpre, un hêtre en contrehaut, deux cerisiers à fleurs, un cryptomeria et un bouquet de lauriers-palmes et un forsythia. Il conviendrait de le redensifier sur la gauche de la cascade. C’est pourquoi, on a rajouté à l’automne 98 un eucalyptus gunnii, un cerisier du Japon autumnalis et un Salix du Japon integra (à feuillage blanchâtre). Plus  à droite de l’axe de la percée centrale, derrière le kiosque, un séquoia, un pin et un mélèze dégagés en mai 1999 ;  en contrebas un ensemble à rationaliser fait en contrehaut d’un cèdre bleu de l’Atlas, un robinier, quelques petits robiniers derrière des bouquets de bambous à régulariser, enfin davantage sur la droite, deux épicéas et un cerisier couché en avant d’une allée de marronniers. Tous ces bosquets mériteraient sans doute d’être recomposés.

Une question particulière se pose pour le traitement du bosquet du moulin : En 1994, le moulin était complètement masqué par la végétation: on s’explique alors que Mme Maupoil ait planté un cyprès bleu, un thuya doré, deux prunus pissardi, des cornouillers panachés, et laissé des marronniers et des ifs plus anciens. Aujourd’hui que le moulin a été débarrassé de ses lianes et que ses toits ont été refaits, le problème se pose différemment : on pourrait penser à dégager davantage la vue sur le moulin en abattant un des deux prunus ainsi que le thuya doré et à ouvrir dans l’axe de la digue une percée qui rejoindrait le portail du XVIIIe du mur sud (mais le voit-on réellement ?). Cette percée permettrait peut-être en outre de mettre en valeur deux très beaux hêtres qu’il n’est pas question d’abattre et qui sont vraisemblablement dans l’axe. En toute hypothèse, il convient d’éliminer tous les ifs (sauf celui qui est le plus à gauche vu du château) qui, du perron, masquent partiellement la vue sur le moulin; ce travail ne pourrait toutefois se faire que lorsque la zone du moulin sera réhabilitée.

Sur les autres points de vue mineurs, il y a aussi beaucoup à dire et à faire.

  • depuis la terrasse, sur la droite, il convient de dégager un peu la vue sur le grand platane qui est une boule d’or à l’automne. Il convient peut-être aussi en amont de faire disparaitre un ou deux arbres et de les remplacer par des liquidambars…
  • dans l’axe du jardin français, il serait sans doute bon à l’ouest d’abattre dans les limites de 29 m de large les arbres à droite de l’allée de chênes pour dégager la vue jusqu’au mur et au delà.
  • dans l’axe de l’allée creuse, il convient après restauration du pont d’abattre les hêtres qui sont dans l’allée et de replanter sur les talus à droite et à gauche, soit d’autres hêtres, soit une haie de charmes ou d’ifs à tailler ou à former en tunnel.

Le nom de jardin français est peut-être abusif : il est simplement fondé sur une structure découverte sur les plans et présentant des axes de symétrie s’écartant sensiblement du plan à l’anglaise du parc. il se fonde aussi sur le fait qu’il est esquissé sur le plan de 1737 à une époque où la théorie du jardin à l’anglaise n’est pas encore formulée.

Pour faire cette étude nous nous fondons sur le plan de 1864 qui est le plus explicite et le plus abouti. Et c’est donc de lui que nous partons pour le discuter. Il convient d’abord de coter le allées du nord au sud soit A, B, C, D, E; puis de l’ouest à l’est G et H, enfin en croix H et I. Des croisements cotés t, z.

A l’automne 1994, la situation était la suivante : Sauf l’esplanade carrée bordée sur trois côtés de charmes et de chênes penchants ou malades, toute la zone du jardin français était boisée de charmes, marronniers, érables et chênes dont plusieurs avaient plus d’un siècle. Les allées A, en creux au pied du talus et B sont très visibles ainsi que l’allée I creusée dans le rocher et passant sous le pont et l’allée E dont le tracé est peut-être un peu différent. Visible aussi l’allée F nord sud ainsi que le cercle d’où elle part au nord.

  • L’allée A, au pied du talus, comportait un tas de pierres de tailles et de bornes dépareillées, figurée sur le plan de 1737 à tort ou à raison. Elle était creusée au même niveau que l’allée B et les déblais avaient été rejetés entre A et B formant un monticule inégal de 40 à 80 cm d’épaisseur selon les endroits. Le tout était boisé.
  • L’allée B, conforme aux plans de 1776 et 1864, n’apparaissant pas sur le plan de 1737, et se prolongeant au delà de l’esplanade jusqu’au mur du parc où elle se termine par une porte en bois.
  • L’allée C qui a pu exister, dont le tracé est encore marqué par un léger replat sur la prairie à l’est, dont la bordure est marquée par un houx et deux buis, mais dont le tracé à l’est a dû disparaître lorsque les rejets du thuya l’ont bouchée.
  • L’allée D dont il est douteux qu’elle ait jamais existé dans le tracé du plan, bien qu’elle soit aussi mentionnée sur le pan de 1776;
  • L’allée E dont le tracé du XIXe siècle est à peu près celle que l’on retrouve aujourd’hui.
  • L’allée F nord sud, au tracé très douteux, disparue si elle a jamais existé, très invraisemblable dans sa partie sud.
  • L’allée G, nord sud partant du cercle et très visible aujourd’hui encore.
  • L’allée H dont le tracé creusé dans le rocher, surmontée d’un pont dont l’emplacement sera discuté et qui menant au rond d’eau est la structure la plus solide de ce jardin français.
  • L’allée I dont le tracé diverge avec le tracé de 1776 et qui n’a aucune raison d’avoir existé dans sa forme de 1864.

Notons que le plan de 1776 ne montre ni la glacière, ni son chemin d’accès, ni la cave dont l’entrée a été trouvée remblayée à l’automne 1995 lors de l’arrachage des souches de l’allée de tilleuls partant du château au niveau de la sortie secondaire ouest, sa voute ayant été crevée à l’emplacement d’une souche. On ne trouve pas davantage trace du pont sur le plan de 1776 mais simplement d’un carrefour en z. Or le carrefour z qui figure aussi sur les plans de 1819 et 1864 ne peut être le confluent de trois allées car les allées F et  D sont au moins à 3 m plus haut que l’allée H en ce point. On peut donc penser qu’elles n’ont jamais été réalisées : elles auraient nécessité d’entamer sérieusement le rocher. D’après les mesures faites en 1998, le pont devrait plutôt se situer en z qu’en t.

Le pont lui-même est une énigme car aucune allée ne l’a jamais traversé. D’une part, il n’est pas axé sur le centre de la vaque qui n’était pas là au XVIIIe siècle, d’autre part il ne conduit à rien au sud. Le pont malgré sa largeur de 10 m qui permettait éventuellement à trois allées de se croiser n’a peut-être été conçu que pour former une trouée de lumière vers le sud ouest du rond d’eau et vers le nord-est et pour utiliser la grande masse de pierre disponible???

Le plan de 1819 indique sur l’esplanade une structure de chemins (?) dont l’existence n’a pas été démontrée malgré des alignements de briques trouvés au sud de la vasque. Sont les restes de baraquements construits par les allemands pendant l’occupation de la seconde guerre mondiale ?

Qu’a-t-il été fait depuis 1994 ?

A mon arrivée en 1994, plusieurs charmes menaçaient la vasque du XIXe siècle placé eau centre de l’esplanade (et non branchée sur une arrivée d’eau) et venant peut-être du centre de la cour d’honneur (?). L’un d’eux s’abattit en septembre 1994 et manqua de peu la vasque. Il fallait donc faire des abattages d’urgence. Le parc à l’ouest du château consistait en une masse forestière indistincte dont les structures avaient disparu. L’allée de tilleuls menant en direction de la glacière était moribonde et elle doublait une allée d’ifs dominés ou déjetés. Le château était perdu dans un plat d’épinards et même les écuries n’étaient pas visibles du coin nord-est du château tant elles étaient cachées par des ifs, des sureaux et des branches ou rejets de robiniers. Il fallait assainir le bâtiment des studios, ouvrir une vue vers le sud et le soleil, mettre en valeur la cave découverte, réhabiliter l’entrée de la glacière restaurer le pont…

Il parait raisonnable de conclure que les allées D, F et I n’ont jamais existé ou plutôt qu’un projet d’allée synthèse de F et de I a pu exister en fonction du pont mais qu’il n’a pas été réalisé.

En conséquence, j’ai fait réouvrir la surface du jardin français en abattant les chênes, charmes et un hêtre, conformément au tracé de 1864 ou même de 1737, car la diapositive du plan de 1776 montre curieusement que cet espace aurait alors été boisé.

L’espace déboisé, j’ai fait niveler le sol et remblayer la zone au sud de l’allée B par les terres entassées entre l’allée A et l’allée B. Il s’est créé au niveau de l’allée C un talus qui est de plus en plus marqué d’est en ouest jusqu’à l’esplanade. La terrasse ainsi a acquis la forme d’un trapèze rectangle plus large à l’ouest qu’à l’est et dont la largeur au niveau de l’allée G est de 29 m.  Afin de masquer cet élargissement vers l’ouest, j’ai dessiné et planté une charmille, avec des indentations tous les 8 m sur une largeur de 5 m et des ouvertures destinées à recevoir des portiques plantés de lianes florales. Mais pour maintenir cette largeur minimale de 29 m, il a fallu modifier de trois ou quatre degrés l’axe de ce jardin par rapport à l’allée de chênes qui le prolongeait au-delà de la vasque. La vasque devrait un jour constituer le centre d’un bassin octogonal qui recevrait sa gerbe…Sur l’esplanade, au sud, j’ai ménagé sur le talus une pente douce pour faire passer une allée réunissant la vasque au pont. J’ai commencé à l’automne 1998 à tracer cette allée et à dégager la terre et les pierres qui l’encombraient au nord du pont. Cette allée devrait ensuite se prolonger, au moins visuellement, jusqu’au grand platane qu’elle permettrait de mettre en scène.

Dans l’allée H, deux hêtres jumeaux en amont et en aval du pont doivent être abattus pour permettre un dégagement et une replantation sur le haut du talus. De même, la terrasse au nord du jardin français doit être remodelée partiellement pour mettre en valeur la glacière et s’accorder aux projets de bâtiments.

Le plus spectaculaire des arbres de La Bûcherie est un grand platane orientalis, reconnaissable à ses feuilles plus profondément échancrées que celles des occidentalis ou des hybrides qui constituent les plantations d’alignement habituelles de la région parisienne. Un arbre semblable et peut-être un peu plus petit existe au parc du Hameau de la Reine à Trianon et une carte postale du début du siècle montre un autre platane de même structure à Saint-Brice-sous-Forêt (95350). On peut estimer qu’il serait antérieur à la Révolution française et qu’il aurait plus de 220 ans et serait contemporain de la Révolution française. Situé en bordure nord de la quatrième pièce d’eau, l’intérêt de son port réside dans ses branches qui retombent jusqu’au sol et dont émergent des pousses verticales comme si elles s’étaient marcottées. A l’automne, il est particulièrement spectaculaire, se présentant comme une boule d’or.

Signalons aussi un grand tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera) à gauche du chemin qui par le nord fait le tour de la partie basse du parc le long du ru. Cet arbre dont nous n’avons jamais observé les fleurs (blanc jaunâtre-verdâtre) est le seul dont le limbe au lieu de se terminer en pointe comme dans tous les autres végétaux forme une échancrure qui permet de l’identifier à coup sur. Son feuillage doré est également très spectaculaire à l’automne.

Sur le flanc sud à proximité du kiosque, un mélèze (Larix europea), conifère à feuillage caduc, qu’on s’attendrait plutôt à trouver à Val d’Isère, un pin laricio (Pinus Laricio) et un séquoia (Sequoiadendron giganteum), tous trois sans doute plantés au début du XXe siècle.

Dans les iles, un catalpa (Catalpa bignonioides) remarquable par sa forme contournée et son squelette de branches mortes, un Cyprès chauve de Louisiane (Taxodium distichum) dont les racines porteuses de pneumatophores viennent respirer au-dessus du niveau de l’eau et qui, comme son nom l’indique, perd ses fines feuilles en forme de fougères à l’automne, après être devenu complètement roux.

Ajoutons, dans la cour d’honneur, et miraculeusement épargné grâce à Remi Coutin, au moment où son feuillage ressemblant beaucoup à celui du sureau avec lequel il était mélangé, allait lui couter la vie, un Staphylier de Colchide (Staphylea pinnata L) encore appelé Faux-pistachier ou Nez-coupé, sans rien d’autre de remarquable que ses fruits renflés en forme de vessie et ses graines qui servent à faire des grains de chapelet…

Le parc de la Bûcherie conserve de beaux chênes ainsi que de grands hêtres d’environ 130 ans, arrivés à maturité, et même au-delà, et dont bien peu n’ont pas perdu une partie de leurs branches maitresses.

Un bel alisier torminal (Sorbus torminalis)a été identifié, perdu au milieu des bois, grâce à son feuillage d’automne rougissant.

Signalons encore un cèdre bleu (Cedrus atlantica, var. glauca) près de la troisième pièce d’eau,de plus de cinquante ans, un très ancien frêne non loin du kiosque, en bordure d’une ancienne allée disparue et du reste jalonnée de rejets jumeaux, triplés et même quintuplés dans un cas, de rejets imposants d’une souche de Thuya géant (Thuya plicata) près de la terrasse et quelques châtaigniers (Castanea sativa) sur le plateau sud-est du domaine, quelques merisiers sur le flanc sud du vallon, un semis de ginkgo dont on se demande comment il a pu venir près de la seconde pièce d’eau, et l’on aura fait le tour, non des essences représentées, mais au moins des sujets les plus intéressants.

Le parc de la Bûcherie conserve de beaux chênes ainsi que de grands hêtres d’environ 130 ans, arrivés à maturité, et même au-delà, et dont bien peu n’ont pas perdu une partie de leurs branches maitresses.

Un bel alisier torminal (Sorbus torminalis)a été identifié, perdu au milieu des bois, grâce à son feuillage d’automne rougissant.

Signalons encore un cèdre bleu (Cedrus atlantica, var. glauca) près de la troisième pièce d’eau,de plus de cinquante ans, un très ancien frêne non loin du kiosque, en bordure d’une ancienne allée disparue et du reste jalonnée de rejets jumeaux, triplés et même quintuplés dans un cas, de rejets imposants d’une souche de Thuya géant (Thuya plicata) près de la terrasse et quelques châtaigniers (Castanea sativa) sur le plateau sud-est du domaine, quelques merisiers sur le flanc sud du vallon, un semis de ginkgo dont on se demande comment il a pu venir près de la seconde pièce d’eau, et l’on aura fait le tour, non des essences représentées, mais au moins des sujets les plus intéressants.

Pour reconstituer une diversité botanique et biologique et organiser des scènes colorées sur les lisières des massifs boisés, des plantations ont été entreprises mais elles sont encore loin d’être spectaculaires :

Dans le massif d’entrée à droite de l’entrée du château, un chêne rouge d’Amérique (Quercus borealis), un Ginkgo (Ginkgo biloba), un érable rouge, un liquidambar (Liquidambar styraciflua), trois pommiers à fleurs ont été implantés avec des arbustes (weigélias, lilas, cognassiers du Japon, viornes, genêts, céanothes…)

En arrière de la cascade, un liquidambar, un saule blanc, deux cerisiers à fleurs…

Parmi les espèces herbacées, on notera la présence sur le flanc nord d’orchidées (Listera ovata, et au moins deux espèces d’Orchis) une station de sceau de Salomon (Polygonatum sp.) Les tentatives d’implanter des taches de tulipes botaniques ont échoué, les bulbes ayant tous été dévorés durant l’hiver 1998-99.

Au titre des arbustes enfin, quelques cytises, troènes et des viornes dans un royaume de ronces et d’églantiers.

Si les hêtres sont encore les seigneurs de la Bûcherie, ils sont très fortement concurrencés par les charmes et les frênes qui poussent comme des mauvaises herbes mais ont eu l’avantage de constituer les masses végétales sur le vert desquelles les bosquets d’arbres intéressants détachent leurs couleurs et leurs formes variées.

Pourtant tel qu’il est, et fortement ruiné tant par la guerre que par les chevaux, le domaine de la Bûcherie offre au moindre rayon de soleil du printemps ou d’automne, et même d’hiver, un spectacle d’une grande beauté qui parait le fait de la nature, sans rien d’apprêté. A ce titre, il suffirait de l’enrichir de quelques essences spectaculaires en des points judicieusement choisis, de retracer les allées disparues et d’en orner les bordures de massifs de buissons pour ménager des effets de surprise entre les vides et les pleins, le sec et l’humide, le vert et les coloris…pour obtenir un des plus beaux parcs de l’Île de France.

À proximité même du château, la prairie réouverte dans l’espace occupé jadis par un jardin français dont on ne connait que l’emprise vers 1735, la charmille récupérée sur les semis naturels du domaine, les portiques à glycines, offrent au promeneur des espaces plus rigoureux quoique traités encore très librement, en attendant que la maîtrise très coûteuse des eaux du domaine puisse permettre d’en tirer tout le parti qu’elles permettent et mériteraient, et qui rehausserait le charme de ce château menacé de disparaître il y a encore cinq ans.

Par la photo aérienne de 1954, nous savons qu’à cette date, le parc était totalement destructuré et qu’il ne comportait que des friches parsemées de gros arbres, en particulier des hêtres et quelques chênes, sans parler des allées de tilleuls (3) et de marronniers, ainsi que quelques sujets d’intérêt botanique et/ou ornemental. En particulier, contrairement à ce que nous pensions, aucune des percées de Barillet-Deschamps n’avait été même commencée. Ainsi qu’en témoignent quelques grosses souches, c’est Mme Maupoil qui a effectué la percée orthogonale au château et qui a laissé se constituer les masses végétales de charmes et surtout de frênes qui forment aujourd’hui la plus grande part de la végétation arborée. Dans le même esprit Mme Maupoil a commencé à effectuer une percée orientée du perron du château vers la pointe sud-est du parc, mais elle l’a arrêtée à la rupture de pente ; cette percée est située beaucoup plus à l’est que celle de Barillet-Deschamps et me parait plus justifiée car elle constitue une plus grande diagonale conférant ainsi plus de profondeur au parc. En outre la percée ouest de Barillet-Deschamps n’a pas été non plus effectuée et on le regrette d’autant moins que située trop à l’ouest en contrebas et partiellement masquée depuis le château par la terrasse, elle serait en tout état de cause peu visible : si on veut un jour la faire, il faut la conduire plus au sud vers l’angle sud-ouest du parc de façon notamment à la faire passer visuellement sur le pont entre la quatrième et la cinquième pièce d’eau.

Il paraitrait en outre logique de prolonger l’allée H vers la pointe nord-est du parc pour donner des vues sur une zone peu fréquentée par nous et que nous ne contrôlons pas en ce moment.

Le parc compte relativement peu d’arbres remarquables à l’exception du grand platane d’un gros tulipier, d’un cyprès chauve, d’un séquoia, un pin, un mélèze, une trentaine de châtaigniers, un alisier torminal (?), des chênes, principalement dans la partie nord et une cinquantaine de gros hêtres superbes qui malheureusement meurent peu à peu notamment du fait des blessures infligées par les chevaux et qui perdent des branches de plus de 40 cm de diamètre. Pas plus de 10 de ces hêtres sont intacts et le seul hêtre pleureur du parc ‘est effondré en 1997. En 1998, cinq hêtres sont morts et ont dû être abattus. Ceux qui restent mériteraient d’être mis en valeur et dégagés, ne serait-ce que pour permettre une régénération que les chevaux ont empêchée jusqu’en 1994.

On ne notait au moment où nous avons repris le domaine aucune régénération des châtaigniers de l’angle sud-est du parc. Sans doute les chevaux et les sangliers l’empêchaient-elle. Petits frênes, petits érables sycomores et petits marronniers pullulent comme des mauvaises herbes. On ne note aucun semis des arbres d’ornement (séquoia, cyprès chauve de Louisiane, tulipier de Virginie). mais plusieurs noyers, parfois inattendus, sans doute grâce au transport des rongeurs. Un présumé alisier torminal de belle hauteur a été repéré à l’automne 1998 au sud-est du parc près des châtaigniers. Un staphilier de Colchide venu on ne sait comment dans la cour d’honneur devant les studios.
Des chevreuils qui commencent à faire des dégâts (rosiers rongés et tués, roses d’Inde dévorées, tulipes du petit jardin marocain anéanties en 1999 alors qu’elles étaient restées intactes en 1998), des sangliers qui labourent à l’automne, des renards, ceux qui ont mangé les neuf coqs nains, pas de mouettes ni de cormorans, ni hérissons, ni belettes.Relative pauvreté des populations de papillons (une invasion de chenilles de machaon sur les fenouils à l’automne 1997). 7 Carabus purpurascens ont été repérés depuis aout 1994 mais pas une seule autre espèce, un orvet (automne 1997) plusieurs serpents non clairement identifiés, un couple de hérons nichant avec constance non loin du rond d’eau, un couple de chevaliers cul-blanc aperçu en tête de la grande pièce d’eau à l’automne 19994, des pics à tête rouge et dos vert, des foulques noires, des poules d’eau et des nuées (parfois jusqu’à 250-300) de colverts, des bergeronnettes, une chouette en plein jour en 1997, non loin de l’endroit où un cadavre a été vu en mai 1999.

Pour l’avenir, les urgences sont dans la restauration des bâtiments existants :

  • Rénovation de la bibliothèque et ravalement de la façade
  • Création de nouvelles chambres
  • Création de nouvelles salles de réunion
  • Création d’une salle de 105 m2 à la place de l’ancienne écurie
  • Restauration de la terrasse
  • Restauration du pavillon Maupoil….
  • Restauration du moulin
  • Restauration et curage des pièces d’eau
  • Restauration du pont de l’allée creusée dans le rocher
  • Restauration de la glacière et de l’entrée de la cave de la glacière
  • Restauration du pigeonnier….
  • Au-delà de ces nécessités beaucoup de choses peuvent être étudiées :
  • Amélioration du jardin français réduit aujourd’hui à une pelouse entourée de charmilles naines…
  • Reprise de la composition forestière du triangle compris entre l’allée creuse, le pont et la vasque des Trois Grâces…
  • Constitution d’un jardin japonais…
  • Traitement de l’esplanade du jardin français avec une vasque à brancher sur une source d’eau et création d’un bassin de recueil des eaux…
  • Tracé d’une allée de la vasque des Trois Grâces au grand platane en passant au-dessus du pont…
  • Organisation d’espaces de loisir pour les visiteurs…
  • Rénovation du verger situé en amont du rû du parc à l’est…
  • Replantation d’essences intéressantes pour animer les frondaisons sud du parc et les colorer…
  • Reprendre les itinéraires anciens et les justifier en les animant, ou bien en créer d’autres…
  • Faire un potager d’ornement…

Hubert JOLY, juin 1999

Un peu plus loin que la Bûcherie réelle, il existe une Bûcherie idéale qui se situe dans ma tête au carrefour de mes fantasmes.

Si les 60 hectares du terrain ne m’avaient été dévolus, j’en eusse peut-être fait autre chose, mais aujourd’hui, je ne peux faire autre chose que reprendre l’existant, retrouver les trames et les strates anciennes, tenter de reconstruire un ensemble aussi cohérent que possible ménageant à la fois des vues sur le ou les paysages et des surprises.

Tel qu’il est le parc de la Bûcherie est fortement marqué par les vues de ses propriétaires de la seconde moitié du XIXe siècle. Malgré les destructions et l’abandon des années 1940-1957, c’est ce même parti de parc à l’anglaise ou plus exactement de parc paysager que Mme Élisabeth Maupoil a tenté de confirmer de 1957 à 1994 et c’est encore ce parti qui tient grandement compte du plan très incomplètement réalisé de Barillet-Deschamps de 1864 qui constitue la base de mes interventions.

Qu’on me permette donc de faire comme Louis XIV, même si je ne suis que détenteur précaire de ce domaine, et de vous prendre par la main pour vous conduire et vous montrer aussi bien ce qui existe déjà restauré ou ruiné que ce qui n’existe que dans mon imagination et que je tenterai de vous faire percevoir…

  1. Après que vous aurez parcouru la grande allée des tilleuls, franchi la grille d’entrée et ‘pénétré’ dans la cour d’honneur, vous traverserez les salons pour gagner le perron où  vous aurez la vue majeure sur le parc, ses prairies, sa cascade et ses pièces d’eau, la grande percée orientée au sud.
  2. De là, vous gagnerez la terrasse en promontoire qui vous permettra de jouir d’une vue plus affirmée sur les pièces d’eau . Revenant sur vos pas, vous vous dirigerez plein ouest vers la vasque du jardin français.
  3. Au niveau des bornes à droite, vous trouverez l’entrée d’une cave dégagée en 1995 lorsque la pelle mécanique extrayant les souches de vieux tilleuls a crevé la voûte de ce bâtiment enseveli et disparu. Il servait sans doute à entreposer les charrettes et instruments destinés à la glacière dont le dôme recouvert de terre et de végétation apparaît un peu plus loin à droite. Lorsque l’entrée de la glacière sera restaurée et qu’un projecteur mettra en valeur l’appareillage de la coupole intérieure en pierre de taille, on verra que la qualité architecture de ce bâtiment (XVIIe ou XVIIIe siècle ?) est supérieure à celle du château.
  4. Quelques pas plus loin sur la gauche, une allée creusée dans le rocher s’enfonce sous un pont de pierre qui encadre une perspective sur le jet d’un rond d’eau, le tout datant de la fin du XVIIIe siècle (plan de 1776).
  5. En continuant le jardin français aujourd’hui réduit à l’état d’une prairie entourée d’une jeune charmille née de semis naturels repiquées par nos soins, ornée de place en place de portiques portant des glycines roses, on parvient à une esplanade carrée (plans de 1745, 1776, 1819, 1864) au centre duquel le jet d’une vasque des trois grâces se déverse dans un bassin octogonal.
  6. Sur la gauche, une allée descend vers le pont de pierre sur un axe qui met en valeur un grand platane orientalis d’un âge présumé de 250 ans.
  7. Par la gauche un plan incliné conduit à un carrefour d’allées d’où l’on aperçoit le petit réservoir qui met en pression le jet du rond d’eau et dont le trop plein se déverse par une rigole dans la cinquième pièce d’eau.
  8. On passera ensuite sous le platane le long de son petit bassin carré et l’on continuera l’allée vers le rond d’eau en desservant le rû dont le lit naguère pavé serpente au milieu des iris d’eau et des grandes herbes puis fait le tour du rond d’eau avant de se déverser en cascatelle dans un grand bassin rectangulaire qui avait disparu envasé après la rupture de sa diguette.
  9. Une grande pierre triangulaire à droite du chemin indique la naissance d’une allée conduisant à une petite combe où un grand rocher porte une cascatelle gouttant dans un bassin dont le filet d’eau du trop plein se perd dans l’ovale pavé d’un marais d’iris.
  10. En revenant au chemin principal, on trouve sur la gauche un tulipier de Virginie (liriodendron tulipifera) d’une taille voisine de celui du Trianon. De l’autre côté de l’allée, on aperçoit une petite fabrique constituée d’un hémicycle de pierre dans lequel est creusée une petite niche. Cette construction pourrait avoir (au XVIIIe siècle) bordé une allée disparue parallèle et en contre-haut de l’allée contemporaine.
  11. Encore plus loin sur la droite une autre allée conduit à une salle de verdure ovale marquée par deux grands arbres (hêtre et tilleuls) à son entrée est et dont subsistent des restes de murs de soutènement ainsi que des rejets de buis anciens. En revenant sur le chemin, on passe sur un ponceau couvrant le rû qui se jette en dehors du parc. On descend pour aboutir à un saut de loup ruiné qui sert d’exutoire à un canal en épingle à cheveu drainant le flanc sud ouest de la pente. À gauche de ce saut de loup doit prendre place une grande pièce d’eau lorsque le chemin sera surélevé en digue et doté d’une vanne permettant de commander le niveau et le débit de l’eau pour former en bas de parc une pièce d’eau.
  12. De là, on remontera l’allée de marronniers et de chênes dans le bois et on atteindra le ponceau qui franchit le canal drainant le flanc sud-ouest du parc.
  13. On continuera l’allée qui offre à gauche une vue sur le grand platane de la cinquième pièce d’eau.
  14. En remontant encore, on observera sur la droite une station de Sceau de Salomon. Puis on arrivera à la grande percée nord sud au-dessus de la cascade, où on apercevra le château.
  15. En gravissant la pente sur la droite, on atteindra le kiosque couvert de chaume. On pourra alors monter dans la percée jusqu’au chemin supérieur et se retourner pour apercevoir le château dans son cadre de verdure.
  16. On suivra le chemin vers l’est et après cinquante mètre on trouvera une allée qui se dirige vers la droite en direction d’un portail rustique datant au moins des années 1745.
  17. Depuis la patte d’oie à cinq branches, on prendra l’allée centrale qui se dirige d’abord vers le nord puis redescend en pente douce vers la pièce d’eau supérieure.
  18. On s’arrêtera sur la digue à proximité du canal de la cascade pour considérer le point la pièce d’eau et ses îles vers l’amont, notamment le catalpa et le cyprès chauve de Louisiane et l’on fera le tour de la grande pièce d’eau par la gauche pour revenir vers le moulin.
  19. On remontera vers le château par le chemin qui passe à gauche du pavillon d’entrée.